Imitations, Substituts Et Traitements Des Pierres Et Gemmes: Les Pièges à Eviter
Le marché des gemmes, de la bijouterie et de la joaillerie s’étant mondialisé, les traitements évoluent toujours plus vite et sont de plus en plus difficiles à cerner.
Chaque jour nous sommes sollicités par une clientèle rigoureuse et exigeante qui se trouve confrontée à des substituts ou imitations de pierres. Sans compter que le marché, dans quelques décennies, sera inondé par les diamants de laboratoire.
Mon diplôme de gemmologie me permet de côtoyer quotidiennement des pierres d’imitation. Voici donc un résumé des différents types de pierres qui peuvent se substituer aux pierres naturelles :
Les imitations:
Les imitations ont une apparence similaire à la pierre imitée. Elles n’ont pas ou peu de caractères physiques, chimiques ou optiques en commun.
Il existe depuis l’Antiquité de nombreux substituts de gemmes comme le verre que les égyptiens ont été les premiers à produire.
Aujourd’hui le strass, c’est-à-dire le verre au plomb, est toujours d’actualité pour imiter le diamant, le plomb permettant de faire briller le verre.
De nombreuses autres imitations du diamant sont très répandues sur le marché. Je citerai certains cristaux artificiels qui ont des caractéristiques physiques et optiques en commun avec le diamant : le titanate de strontium synthétique, le YAG (Yttrium Aluminium Garnet), le GGG (Gadolinate Gallium Grenat), le linobat et l’oxyde de zirconium synthétique qui inonde particulièrement le marché.
Il ne faut pas oublier une imitation plus récente qu’est la moissanite synthétique commercialisée depuis 1997. Cette pierre a une dureté, un lustre, une conductivité thermique proche du diamant. Le thermo conductimètre et le réflectomètre sont incapables de faire la différence entre un diamant et une moissanite.
Les doublets:
Les Doublets sont des pierres dites « assemblées ».
Il y a le DGV (Doublet Grenat-Verre) qui est une pierre constituée d’un morceau de verre et d’une lamelle de grenat Almandin. Nous pouvons aussi citer le Doublet Email constitué de deux morceaux de cristal de roche, spinelle synthétique ou béryl et entre les deux au niveau du feuilletis une lamelle d’émail.
Le Doublet Corindon fin-Corindon synthétique existe aussi, il est constitué comme son nom l’indique de deux pierres : une naturelle et une synthétique. Ces pierres sont souvent très culassées.
Les pierres synthétiques:
Les pierres synthétiques sont produites en laboratoire ayant quasiment les mêmes propriétés physiques, chimiques et optiques que les pierres naturelles.
Pour les émeraudes il y a principalement l’émeraude synthétique anhydre et l’émeraude synthétique hydrothermale. Pour identifier l’émeraude hydrothermale, seule la binoculaire permet de faire le diagnostic.
La famille des corindons comprenant les rubis, les saphirs, les saphirs de couleur est aussi la cible de nombreuses synthèses : les corindons synthétiques Verneuil, les corindons synthétiques anhydres, les corindons synthétiques hydrothermales, les corindons synthétiques de Czochralski (méthode par tirage) et encore bien d’autres. Les corindons synthétiques Verneuil sont particulièrement utilisés et montés sur de nombreux bijoux et même des bijoux très anciens puisqu’ils ont été industrialisés dès 1902. Son principe est le suivant : Une poudre d’alumine mélangée à un produit colorant est portée à 2000 °C dans un four.
La goutte formée au sortir du chalumeau tombe sur un petit socle sur lequel est disposé un germe de cristallisation où elle cristallise et forme progressivement un volume en forme de bouteille.
De très grosses pierres peuvent être taillées dans ces bruts synthétiques Verneuil. Cette synthèse permet même de faire des saphirs ou des rubis étoilés !
La synthèse Verneuil est aussi utilisée pour faire du spinelle synthétique.
Le rutile synthétique, aussi appelé titania, est utilisé pour se substituer au diamant, il est commercialisé depuis 1948. Cependant sa dispersion est 6 fois supérieure à celle du diamant.
La synthèse industrielle du diamant fut réussie en 1953-1954 aux États-Unis et en Suède.
Ces dernières années, entre une de journaux et émissions de radio, tout le monde a entendu parler de diamants de synthèse aussi appelés diamants de laboratoire ou « lab grown ». Malheureusement actuellement, seuls les laboratoires gemmologiques tels que le LFG, le GIA ou le HRD sont capables d’authentifier un diamant synthétique. Cela reste un énorme problème pour notre profession car la profusion de diamants synthétiques utilisés en pavage dans la réalisation de bijoux sera bientôt impossible à détecter avec nos outils et nos loupes.
Aujourd’hui pratiquement toutes les gemmes ont une synthèse leur correspondant qui peut être commercialisée.
La profession autorise la commercialisation de gemmes synthétiques, il y a même un marché et une demande. En revanche, le certificat délivré par le commerçant doit mentionner que la pierre est une synthèse tout comme les traitements qui doivent être précisés sur la facture.
Les gemmes reconstituées:
Les gemmes reconstituées sont des matériaux obtenus à partir de petits morceaux ou de poudre de gemmes naturelles par différents procédés : par pressions, fusion, frittage, cimentation etc… La turquoise est malheureusement la cible de cette technique qui est une façon de la commercialiser de manière fallacieuse.
Pour améliorer des pierres déjà existantes l’Homme a créé le traitement, du plus léger comme la chauffe au plus lourd comme l’irradiation.
Les traitements thermiques:
La chauffe est majoritairement utilisée pour les corindons. Elle améliore la couleur sans ajouter de corps étrangers à l’intérieur. La technique appelée Bata Kubala ou Blow Pipe est utilisée au Sri-Lanka depuis de nombreux siècles. Étant un traitement léger car la température est encore éloignée de celle de fusion du corindon, il n’est pas tenu d’être signalé. Nous pouvons repérer la chauffe avec les inclusions caractéristiques présentes dans la pierre comme les ailes de papillon asséchées.
Depuis les années 1960, des traitements thermiques à bien plus haute température sont apparus. Agissant sur la structure physico-chimique des pierres, ils sont bien plus problématiques.
Le remplissage:
Le remplissage consiste à remplir les pierres de verre au plomb pour améliorer la transparence. Grâce à ce traitement on obtient alors avec des gemmes avec une couleur digne des plus belles pierres, alors même qu’elles étaient à l’origine inexploitables en joaillerie. Malheureusement ces pierres ont inondé le marché. Il est cependant rapide de les identifier.
Comme type de remplissage nous avons aussi le huilage des émeraudes, un traitement qui concerne la majorité des émeraudes. Ce traitement ne pose aucun problème car les émeraudes sont très fragiles. Mais si l’huile est remplacée par de la résine, le traitement n’est plus du tout considéré de la même manière, la résine est irréversible au contraire de l’huile et elle peut aussi être colorée. On peut ainsi obtenir de magnifiques émeraudes vert menthe à l’eau à partir d’émeraudes beaucoup moins belles au naturel.
Les diffusions:
Il existe la diffusion simple et la diffusion en profondeur. Les diffusions ont pour principe d’incorporer à très haute température des éléments chromophores dans la pierre pour la rendre plus colorée. La diffusion simple est plus en surface que la diffusion en profondeur.
L’irradiation:
Aujourd’hui de nombreuses pierres sont irradiées à l’aide de hautes énergies électromagnétiques comme les rayons X, Gama… Ce sont des traitements très lourds notamment utilisés pour faire du diamant de couleur, les topazes London blue etc…
De nombreux autres traitements existent et ne cessent de devenir toujours plus difficiles à détecter. Le monde ne cessera jamais d’en développer toujours plus.
Faire appel à un gemmologue est la seule manière de garantir l’authenticité et de la qualité d’une pierre.
Les laboratoires de Gemmologie sont eux aussi habilités et sollicités dans l’établissement d’un certificat.
A Paris les laboratoires les plus reconnus et avec lesquels je travaille quotidiennement sont:
A l’étranger:
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