Mikimoto, le Père de la perle de Culture
Le Jeune Kichimatsu :
Kichimatsu naît en 1858 dans la ville côtière de Toba, dans un Japon en pleine évolution sociétale et culturelle. En effet, depuis cinq ans et l’arrivée du Commodore américain Matthew Perry, le pays a été forcé de mettre fin à sa période d’isolement volontaire, nommée Sakoku, pour s’ouvrir au commerce avec l’étranger. L’époque Edo du Shoguna Tokugawa touche peu à peu à sa fin.
Région de Toba, au sud-est de Kyoto au Japon
Son père étant souffrant, c’est très jeune que Kichimatsu en tant que fils aîné aide au restaurant de nouilles familiale et à l’éducation de ses 7 frères et 3 sœurs. C’est durant cette enfance qu’il sera très influencé par l’esprit créatif et entrepreneurial de son grand-père Kichizo dont son nom est un hommage.
À partir de 9 ans il fréquente l’école de la ville puis à partir de 12 ans rejoint une école occidentale ce qui est inhabituel pour l’époque. C’est là qu’il apprend les rudiments de l’anglais et les chiffres arabes mais également qu’il nourrit un projet : devenir le troisième homme le plus riche de sa région (les deux premiers étant de son point de vue hors d’atteinte). C’est dans cette optique qu’il commence parallèlement au restaurant familial à faire son propre commerce de légumes.
Travaillant autour de la baie, il observe chaque jour les pêcheurs d'huîtres et de perles. C'est à partir de ces instants que commence pour lui sa fascination pour ce monde aquatique.
En 1875, alors qu’il a 17 ans, il arrive à devenir le fournisseur exclusif d’un navire anglais mouillant dans le port de Toba et obtient par la même ses premières devises étrangères.
Enfin c’est en 1878 que le jeune Kichimitsu prend son nom d’adulte et devient Kokichi Mikimoto.
Photographie de Kokichi Mikimoto en 1878
Kokichi et les Perles :
C’est à cette période que son intérêt pour les perles prend une nouvelle dimension. A l’occasion d’une exposition en présentant de nombreux exemplaires, il ne peut qu’être déçu par leur pauvre qualité, que ce soit en termes de rondeur, de couleur ou de taille. Devant son constat, l’idée germe en lui de chercher une nouvelle manière d’obtenir des perles de meilleure qualité mais également en plus grand nombre. En effet, les perles sont à la mode, mais la demande dépasse largement la production.
En 1888, il obtiendra un prêt pour fonder sa première ferme perlière dans le Bai d’Ago. Plusieurs années durant, il essaiera différentes techniques pour forcer des huîtres à former des perles. Il enchaînera alors les déconvenues, entre tentatives infructueuses et invasion d’algues rouges décimant ses huîtres, ce n’est qu’au bord de la faillite en 1893, qu’il arrivera finalement à créer ses premières perles. Sa technique consiste alors à planter un fragment de nacre dans les huîtres.
Malheureusement et malgré son exploit, ce n’est pas encore le succès qu’il espérait. En effet, ses perles ne sont que des demi-sphères (en jargon joaillier des "Mabe") et le grand public ne comprend pas la nature de ces créations. Pour encourager les potentiels acheteurs et leur faire comprendre son travail, il ouvre sa première boutique dans le quartier de Ginza à Tokyo. À partir de 1897, il commence même à les exporter, notamment à la grande exposition marine de Norvège.
Première boutique de Mikimoto dans le quartier de Ginza à Tokyo
Après encore une douzaine d’années de recherche, Mikimoto arrive à obtenir ses premières perles rondes et c’est enfin à partir des années 20 qu’il en obtient des cultures suffisantes pour les commercialiser.
L’avènement de la maison Mikimoto :
Alors que les années précédentes étaient marquées par une demande plus forte que la production, désormais Mikimoto renverse la tendance. Après avoir inondé le marché japonais avec ses perles, causant un effondrement des prix, il fait lui-même la promotion de ses perles en Europe et aux États-Unis pour se faire une image internationale. Durant ses tournées publicitaires, il aura notamment plusieurs fois l’occasion de brûler des piles entières de ses perles de moins bonne qualité pour assurer devant les journalistes que sa maison ne gardait que les plus belles.
Destruction de perles par Mikimoto à Kobe en 1932
C’est également durant cette période qu’il envoie développe son activité joaillère dans le style art nouveau et art déco. Fort d’un nouveau savoir, la maison Mikimoto va créer un style unique, mélange de tradition japonaise et européenne qui va révolutionner la joaillerie japonaise.
Broche Art-Déco sertie de Perles, Diamants, Emeraudes et Saphirs
En France, Mikimoto va faire confiance au Frères Worms, des négociants spécialisé dans la perle, et en faire le premier importateur de perles de culture de l'hexagone à partir de 1925. Les frères Worms feront de leur coté confiance au jeune Samuel Fred pour gérer ces importations japonaise, le même Fred qui fondera la célebre maison de joaillerie quelques années plus tard.
En 1927, Mikimoto rencontre l’inventeur Thomas Edison, les deux hommes garderont l'un pour l’autre un immense respect mutuel.
Croyant fermement en la paix, alors que les relation entre l’Empire du Japon et les États-Unis s’enveniment d’années en années, c’est pourtant à l’occasion de l’exposition universelle de New York de 1939 que Mikimoto exposera l’une de ses plus impressionnantes créations encore à ce jour : une reproduction de la Cloche de la Liberté, composée de 12 250 perles, de 366 diamants et de nacre. Haute de 93cm pour 71cm et 35.5 kg, cet hommage à la révolution américaine avait pour but d’apaiser les relations diplomatiques tendues entre le Japon et les États-Unis. La « Cloche à un million de dollars » (Presque 23 millions avec l’inflation) comme elle sera nommée, fit sensation parmi les visiteurs.
Il est prévu que cette cloche soit de nouveau exposée par Mikimoto à l’exposition universelle d’Osaka en 2025.
La Cloche de la Liberté de Mikimoto
Durant la guerre, il ferma toutes ses fermes et choisit de ne pas participer à l’effort de guerre pour maintenir une neutralité personnelle. « Les huîtres ne se battent pas », déclarera-t-il.
Jouissant désormais d’une réputation non seulement pour ses perles, mais également pour les créations joaillières de sa maison, il sera parmi l’un des premiers Japonais à s’implanter de manière durable à Paris, New York, Chicago, Boston, Los Angeles, San Francisco, Shanghai ou Bombay dès la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Kokichi Mikimoto décéda en 1954 à l’âge de 96 ans avec la certitude d’avoir réalisé le rêve du jeune Kichimitsu (en plus d’être devenu l’homme le plus riche de sa province), il avait « orné de perles le cou de toutes les femmes du monde ».
Par son inestimable création et sa participation au rayonnement du Japon, il fut nommé membre de la chambre des pairs par décret impérial et il lui fut également décerné le grand cordon de l’ordre du trésor sacré, l’une des principales distinctions de l'État japonais à titre posthume. L’office des brevets japonais le considère encore à ce jour comme « l’un des 10 grands inventeurs japonais ».
Peu avant la fin de sa vie il eut l’immense honneur de recevoir personnellement la visite de l’Empereur ainsi que de l’Impératrice Douairière.
Kokichi Mikimoto en 1953
Mikimoto depuis :
Depuis la mort de son fondateur, la maison Mikimoto s’est surtout fait connaître pour la réalisations de couronnes, tiares et parures. Mikimoto a été le joaillier officiel de Miss USA entre 2003 et 2008 mais également de Miss Univers entre 2002 et 2007 ainsi qu’entre 2017 et 2019.
Tiare "Phoenix" du concours Miss Univers par Mikimoto
Par ailleurs, ce fut Mikimoto qui fut choisi pour réaliser une impressionnante parure de cinq pièces comprenant une broche, un collier, des boucles d’oreilles, un bracelet et un diadème pour l’anniversaire de la princesse Impériale Kako, la seconde fille de l’empereur du Japon. Le diadème, composé de motifs floraux ainsi que des emblèmes du Japon, est considéré comme une fierté nationale.
Ces dernières années, la maison japonaise s'est fait connaitre pour ses créations impressionnantes et modernes comme ses collections de haute joaillerie "The Bow" ou "Praise to the Sea".
Collier de Haute Joaillerie "Bow" en Perles, Diamants et Emeraude
Mikimoto possède également une boutique sur la célèbre Place Vendôme depuis 1986 après des années Rue de Châteaudun.
La Maison Mikimoto possède également un musée dédié à son fondateur et à son histoire à l’emplacement même de sa ferme perlière de l’ile d’Ojima, en face de la ville de Toba où il avait grandi. Y est en particulier exposé l’un des autres trésors de Mikimoto, soit une couronne de 872 perles créée en 1978 pour les 85 ans de la création des premières perles de cultures mais aussi un imposant globe de 57kg composé de 18 774 perles, 712 diamants et 377 rubis …
Deux des couronnes d'inspirations britanniques réalisés par Mikimoto
Les controverses :
Même si aujourd’hui Mikimoto est reconnu pour sa participation majeure à la démocratisation et à la commercialisation des perles de cultures, la paternité de la découverte de cette méthode reste ambivalente. En effet, un biologiste de marine anglais du nom de William Saville-Kent aurait découvert la technique de culture des perles rondes vers 1895, alors que Mikimoto a déposé son premier brevet pour la culture des demi-perles en 1896. Deux autres japonais, Tokichi Nishikawa, un biologiste travaillant pour l’état, ainsi que Tatsuhei Mise auraient même voyagés jusqu’en Australie pour apprendre les secrets de la culture des perles auprès du gentleman anglais pour ensuite déposer un brevet commun pour la culture de ces perles en 1907. Mikimoto dut alors modifier sa propre technique pour pouvoir la faire breveter en 1908.
Photographie de William Saville-Kent en train d'étudier des fragments de la Grande Barrière de Corail en 1893
Par ailleurs, Mikimoto souffrira toute sa carrière de rumeurs sur l’authenticité de ses perles. En 1921, en particulier, commencera pour sa maison ce qui sera connu comme « Le Procès de Paris ». Tout commencera à partir de la parution d’un article dans un journal de Londres qui tiendra les propos suivants : « les perles de culture vendues par un certain marchand japonais ne sont que des imitations de vraies perles. » Peu à peu l’affaire passera outre-manche et c’est dans un tribunal de la capitale française que Mikimoto obtiendra gain de cause. La réputation de ses perles sera désormais assurée tout autour du globe.
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